Le hameau de Sagnemorte
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VAYRANA : Les chemins de l'Eau
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Le hameau de Sagnemorte.
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Le hameau de Sagnemorte se situe dans une zone humide. En effet, le mot « sagne » est dérivé du gaulois « sagna » qui signifie « marais ». Une petite route très sinueuse et goudronnée remplace depuis 1971 l’ancien chemin, toujours existant, qui traçait tout droit depuis Roisey. La vue y est superbe sur la vallée du Rhône et jusqu'aux Alpes par temps clair.
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Sur le hameau de Sagnemorte vivent aujourd’hui cinq familles mais certaines en maison secondaire alors qu’autrefois toutes les maisons étaient occupées à l’année par des familles nombreuses d’agriculteurs regroupant jusqu’à trois générations sans compter les oncles et tantes qui pouvaient s’ajouter… Ceci apportait alors une main d’œuvre indispensable aux travaux des champs peu mécanisés, et développait une solidarité entre ces familles source d’économie et de réconfort pour supporter une vie parfois difficile et éloignée de tout.
Il nous est ainsi raconté par exemple qu’une veillée avait lieu chaque soir de la semaine dans une maison différente du hameau, ce qui permettait d’économiser sur le chauffage des autres maisons !
Promenons-nous maintenant le long du hameau pour y apprécier quelques éléments du passé ;
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Nous remarquons tout d’abord ses deux bachats car chaque maison en avait un pour abreuver ses bêtes. Et puis son petit lavoir commun au hameau mais à un seul poste de lavage incliné où toutes les ménagères du hameau se relayaient deux fois par semaine. Après avoir lavé leur linge de chanvre, lin ou laine à l’intérieur de leur maison, elles allaient tôt le matin le rincer et l’essorer au lavoir. Ainsi, une fois l’eau écoulée et le lavoir débarrassé de son eau de lessive, celui-ci pouvait servir aussi à nouveau à abreuver les animaux. En effet les ménagères utilisaient au début du XX-ème siècle du savon de Marseille ainsi que du « bleu », un azurant optique dérivé de l’indigo ou du cobalt et qui blanchissait le linge jauni.
Aujourd’hui les maisons de Sagnemorte sont dotées de l’eau courante depuis 1967. Mais il arrive que la source se tarisse l’été et que les habitants aient recours à une très ancienne retenue d’eau (ou écluse) éloignée du hameau. Ceci pour satisfaire les nombreux besoins de leurs fermes : arrosage, abreuvage, lessive, …
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Dans l’unique rue du hameau, nous passons devant deux maisons comportant de grands séchoirs au premier étage et orientés plein est (ou matin comme on le disait). Cette pièce à claire-voie laissait passer l’air et la lumière pour sécher les fagots de frêne, chêne ou peuplier destinés à l’alimentation des ovins et parfois même des bovins en cas de pénurie de fourrage. Ainsi qu’à sécher les feuilles de fayard (hêtre) pour confectionner matelas et coussins.
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Autrefois chaque maison du hameau possédait son four à pain indispensable vus l’éloignement pour s’approvisionner et l’économie recherchée. Il en subsiste deux en mauvais état et inutilisables. A ce sujet la grande peur de l’époque était celle de l’incendie dont on se prémunissait en contractant une Assurance Incendie matérialisée par une plaque affichée sur un linteau de portail. Il est amusant de noter la croix de bois ajoutée sous cette plaque, en guise de… sur-assurance !!
Une retenue d’eau a d’ailleurs récemment été réalisée sur le ruisseau en contrebas afin d’alimenter la citerne des pompiers.
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Enfin, levant les yeux encore plus haut, nous remarquons deux types de protection d’avant-toit. La génoise avec ses deux, trois, ou quatre rangées de tuiles, nous est venu d’Italie début XVIIème pour protéger le haut de la façade du ruissellement et son avant-toit du pourrissement du bois. Mais nous avons aussi la chance d’observer une ou deux granges qui n’ont pas bénéficié de rénovation couteuse et possèdent encore sous toute la longueur de leur avant-toit cette unique, caractéristique et antique rangée de pierres protégeant l’avant-toit en des temps plus reculés.
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Nous remarquons aussi, en hauteur sur une vieille façade, un « babarot », nom local donné à une grande pierre plate traversante servant d’évier à l’intérieur et dépassant d’une dizaine de centimètres à l’extérieur creusée d’une rigole pour évacuer directement les eaux de lavage sur la rue qui n’était autrefois qu’un chemin de terre.
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