Bassin lavoir "Chez Rambert"
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AQUA VAYRANA : Les chemins de l'eau.
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Bassin lavoir "Chez Rambert".
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Ce bassin-lavoir de « Chez Rambert » est le magnifique témoin d’un passé où l’eau courante n’existait pas encore dans les maisons voisines (c’est-à-dire avant les années 1950) et où il fallait s’approvisionner en eau au ruisseau ou à la source la plus proche. Cette source, garantie de prospérité et de sécurité, a donc été aménagée en bassin lavoir de pierres sèches muni de postes de lavage à larges pierres plates inclinées destinées au rinçage du linge. Il est probable que le bassin ait aussi servi à rouir le chanvre et le lin qui faisaient partie intégrante de la culture vivrière de nos aïeux (vêtements, ficelles, cordes, rembourrages, …).
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Jusqu'au début du XXe siècle, faire la lessive pouvait se dire « faire la buée » ou « faire la bue », termes à l'origine de l'étymologie de buanderie et de buerie. Et la "grande buée" était un jour de l'année où les habitants d'un même village lavaient tous leurs draps.
Tout commençait donc par aller puiser l’eau pour la ramener à la ferme.
Le premier jour de buée nommé « Purgatoire » avait lieu le trempage : le linge était mis à tremper dans des cuviers en terre ou grands baquets de bois cerclés de fer (demi-fûts remplis d'eau un mois avant pour faire gonfler le bois). Les pièces de linge de la famille y étaient disposées en couche sur lesquelles on versait de l'eau froide. Une fois rempli, le cuvier était recouvert d'un drap appelé « cendrier » car sur ce tissu de grosse toile était répandu un lit épais de cendres d’ajonc ou de bois tendre (les cendres de bois dur tachant le linge) qui faisaient office de savon grâce à leur richesse en carbonate de potassium.
Le lendemain, une femme procédait au « coulage » en arrosant le cendrier avec de l’eau bouillante, parfois parfumée avec des plantes aromatiques (lavande, thym, ortie, laurier selon les régions). L'eau s'écoulait par la bonde au fond du cuvier, était réchauffée pour être à nouveau coulée. Ce jour était appelé « l’Enfer » à cause des vapeurs qui se dégageaient du linge bouilli une bonne demi-journée et remué de temps à autre à l'aide d'un grand pieu solide. Le troisième jour, le linge refroidi et alourdi était mis à cheval sur le pieu puis chargé dans des panières, hottes ou bassines sur brouette.
Ainsi il était conduit à un étang, une source d'eau courante ou au lavoir pour y être battu (le battoir permettait d'extraire le maximum d'eau de lessive), rincé et essoré. Le linge retrouvait sa pureté originelle, d'où le nom de « Paradis » donné à cette journée.
À l'issue de ces opérations, le linge subissait un séchage, selon le temps et la saison, à air chaud (devant le poêle ou la cheminée), couvert (dans un grenier) ou à l'air libre (au jardin sur un fil, sur des haies ou pour les grandes pièces de linge telles que les draps, étendues sur l’herbe, ce qui en favorisait le blanchiment par la lune et le soleil d’après les croyances d’antan). Enfin les draps étaient pliés et parfumés dans les grandes armoires de ferme. Tandis que le linge était repassé au fer chauffé dans l’âtre de la cheminée.
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Bonne promenade !!