Le hameau de Chavardet Complément QRcode
.VAYRANA : Les chemins de l'Eau
Méthode et technique de lavage d'antan.
L'âge d'or des lavoirs débute au début du XIXe siècle et prend fin au milieu du XXe avec l'apparition des machines à laver mécaniques puis électriques et surtout l’eau courante à domicile dans les années 1950.
L'essor de l'industrialisation, les épidémies, la pollution entraînent le développement de l'hygiénisme. La loi du 8 février 1851 accorde alors un crédit spécial pour subventionner la construction de lavoirs couverts, facilitant ainsi le travail des laveuses. Auparavant la lessive se pratiquait sur une planche ou une pierre plate au bord d'un cours d'eau. Nombre de communes se sont alors équipées de lavoirs proprement dits; ils étaient publics ou privés, gratuits ou payants. Les lavoirs privés pouvaient également être utilisés par les voisins moyennant redevance. Les femmes y venaient soit à titre personnel, soit en tant que laveuses professionnelles ou lavandières.
La lessive était exclusivement l'affaire des femmes. Vu l'importance et la pénibilité de la besogne, on ne faisait la lessive ou « buée » que 2 fois/an. Même si progressivement, on est passé à une lessive mensuelle puis hebdomadaire. Elle se faisait sur 3 jours :
- Le 1er jour (ou Purgatoire du linge) le linge était mis à tremper dans un grand baquet d’eau froide ou cuvier en bois devenu ensuite une lessiveuse en métal.
- Le 2e jour (ou Enfer), une toile était tendue au-dessus du baquet, on y déposait une épaisse couche de cendre sur laquelle on versait de l'eau bouillante, (opération dite du « coulage ». Cela permettait de faire passer le carbonate de potasse qui est un bon agent nettoyant. Cette opération était répétée plusieurs fois.
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- Le 3e jour (ou Paradis), avait lieu le rinçage, qui avait besoin de beaucoup d'eau et de l'eau claire. Il se pratiquait donc au lavoir. Les laveuses étaient agenouillées dans une sorte de caisse en bois remplie de paille ou de tissus au bord du plan incliné en ciment du lavoir ou la pierre plate inclinée permettait de brosser ou battre le linge. Il était ensuite essoré à la main et mis à sécher sur l’herbe ou sur des barres de bois à proximité.
Jusqu'à la fin du XIXe siècle, la femme lavait le linge à la cendre. La lessive n'existait pas encore. Au début du XXe siècle sont employées les premières poudres à lever, les cristaux de soude, les boules bleues, le savon. Les détergents de synthèse ne feront leur apparition que bien plus tard en 1952.
Toutes ces tâches étaient très pénibles physiquement. Toutes les articulations étaient sollicitées, de surcroît dans une ambiance humide, ce qui faisait le lit de l'arthrose, des problèmes de genoux, etc.., Mais le fait de se retrouver à plusieurs au lavoir, permettait de se soutenir, d'échanger, et les langues allaient bon train. Pour se donner du cœur à l'ouvrage, les laveuses chantaient et avaient pour cela un répertoire particulier des chansons de lavandières : https://youtu.be/30NMJkOLhHw?t=3
Autour du lavoir, s'est mise en place une organisation particulière avec des horaires de fréquentation, un tableau d’affichage, une hiérarchie (la place à côté de la source était dévolue à la plus ancienne car l'eau était plus claire et moins froide en été), un bizutage des nouvelles, tout une tradition à respecter…
D’autre part les hommes n'étaient pas admis au lavoir et la police pouvait sanctionner les contrevenants. Quant aux enfants, ils n'étaient admis que si quelqu'un pouvait les surveiller pour risque de noyade.